Tous les chantiers SEO ont pour but d’améliorer la visibilité d’un site web ce qui, de fait, a un impact sur la pollution numérique qu’il génère.
Et les prévisions sur l’impact carbone du numérique nous montrent que la pollution numérique est à la hausse :
- En 2020, le numérique représente 4% des Gaz à Effet de Serre (GES) dans le monde (source GreenIT)
- D’ici 2040, il représentera 6,7% des GES en France si on ne change rien (selon une étude de l’ADEME et de l‘ARCEP).
L’impact sur nos ressources est également à prendre en compte.
En effet, la fabrication et utilisation de PC, serveurs et matériel réseau est gourmande en électricité, eau et métaux.
Sommaire
- Où en est-on aujourd’hui dans la prise en compte de l’impact carbone du digital ?
- Repenser notre façon de faire du SEO : le Green SEO
- L’approche 3R pour le Green SEO technique
- L’approche 3R pour le Green SEO éditorial
- L’approche 3R pour le Netlinking
1. Où en est-on aujourd’hui dans la prise en compte de l’impact carbone du digital ?
a. En France, quelques référentiels web existent
Cela concerne :
- l’éco-conception web (Les 115 bonnes pratiques publiées par Frédéric Bordage/GreenIT et sa déclinaison sur Github),
- l’éco-conception dans le webdesign (Référentiel des designers éthiques),
- la sobriété éditoriale de Ferréole Lespinasse
Et une certification officielle en éco-conception délivrée par GreenIT.
b. Mais aucune démarche concernant le SEO
En SEO, il n’existe à ce jour aucun référentiel ni aucune initiative pour développer le Green SEO.
En France, les rares fois où le sujet du Green SEO est abordé, son champ d’action se concentre surtout sur l’aspect performance (allègement des temps de chargement).
En dehors de nos frontières, le sujet semble être pris plus au sérieux : en 2024, au Brighton SEO, le Green SEO a fait l’objet d’un Meet-up.
Pourquoi ce manque d’intérêt pour l’éco responsabilité côté SEO ?
Car aujourd’hui on ne considère le SEO que sous le prisme de l’augmentation de trafic. Et pour augmenter le trafic SEO il faut créer toujours plus de pages, intégrer un maximum de média (images, vidéos) et obtenir le plus de backlinks possible.
Mais est-ce vrai que créer des contenus amène du trafic SEO ?
Non
96% des pages du web ne reçoivent aucun trafic de Google
Selon une étude menée par Ahrefs en 2023
59% des recherches Google n’amènent aucun clic et donc aucun trafic
Selon une étude menée en 2024 par Sparktoro
Il faut donc créer de la valeur pour que l’utilisateur clique et aille sur le site car sinon c’est Google qui fournit des réponses directement sur sa page de résultats :
« knowledge graph », position 0, météo et d’autres fonctionnalités qui permettent aux utilisateurs d’obtenir des réponses sans avoir à visiter un site internet.
Et à quoi sert le trafic SEO s’il ne génère pas de conversions ?
Ce qui amène à s’intéresser à des notions de trafic qualifié, d’UX et d’optimisation de la conversion.
2. Repenser notre façon de faire du SEO : le Green SEO
Il faut arrêter de penser en quantité d’actions et de contenus à mettre en place pour augmenter le trafic SEO mais plutôt raisonner en termes d’efficacité : quelles actions SEO vont me permettre d’atteindre les objectifs commerciaux fixés ?
Cette approche d’efficacité dans les actions SEO, est totalement compatible avec une démarche qui vise à réduire son impact environnemental.
Car cela amène à challenger la nécessité ou non de mettre en place une action.
De la même façon que le meilleur déchet c’est celui qu’on ne produit pas, le meilleur SEO c’est celui qu’on n’a pas besoin de produire.
a. La méthode des 3 R du Green SEO
Voici la méthode des 3R que j’ai développé, directement inspirée de la démarche de réduction des déchets et de cette démarche d’efficacité

Pour chaque action SEO que l’on souhaite mettre en place, on se pose les questions suivantes dans l’ordre :
- Peut-on refuser ?
Une volonté de sobriété, de minimalisme au service des résultats : Est-ce que mettre en place cette action va être pertinente pour la cible et servir mes objectifs commerciaux dans les 6 mois ?
Si c’est non : on ne la met pas en place.
Si oui, on passe à l’étape 2 - Peut-on ré-employer, partir de l’existant plutôt que de faire du neuf ?
Si on ne peut pas ré-employer, on passe à l’étape 3 - Peut-on réduire le gaspillage de ressources numériques que génère cette action sans compromettre les résultats commerciaux ?
Vous l’aurez compris, l’objectif est d’éviter de réaliser des actions en SEO qui ne produisent pas ou pas assez de résultats (20/80) et de voir comment réduire leur impact carbone.
Voyons de façon concrète comment cela peut s’appliquer pour les 3 piliers du SEO.
3. L’approche 3R pour le Green SEO technique
a. Refuser les optimisation techniques sans réel impact SEO
Comme on peut le voir sur ces images, la tendance pour l’ audit technique SEO est d’évaluer un maximum de points et de faire un maximum de recommandations.

Mais est-ce vraiment indispensable d’analyser 207 points techniques ? Ont-ils tous un impact significatif sur le SEO ?
Est-ce que ça vaut vraiment le coût de faire tous les correctifs ?
Lorsque l’on regarde la liste des optimisations à réaliser suite à un audit technique sous un prisme Effort VS efficacité SEO, ça change tout.

On ne corrige que ce qui améliorera de façon impactante les positionnements et le trafic qualifié SEO (ce qui va amener nos 80% de résultats).
On refuse de mettre en place le reste.
Résultats : gain de temps et d’argent et économie de ressources pour effectuer ses correctifs.
Il est aussi primordial de regarder ce que font les concurrents SEO pour savoir ce qui vaut la peine d’être amélioré. Si les pages de votre site chargent plus rapidement que celles de vos concurrents, il n’y a rien à gagner à aller minifier les fichiers CSS et Javascript.
Voici des exemples de recommandations souvent vues dans les audits techniques qui ne sont pas rentables (gain SEO faible/inexistant) :
- Changer ses urls pour y mettre des mots-clés (effort important)
- Réduire les CSS inutilisés (effort important ou plugin à ajouter)
- Réduire la taille des urls (effort important)
- Avoir une page plan de site
- Mettre des balises canoniques à toutes les pages
Ci-dessous un exemple de recommandations données par Google Page Speed Insights pour améliorer les temps de chargement. Les recommandations entourées représentent des gains en poids très faibles : quelques Ko. Réaliser ses améliorations n’aura aucun impact sur les positionnements alors qu’elles peuvent être difficiles à mettre en place.

b. Refuser l’ajout systématique d’ images et de vidéos
Est-ce que les utilisateurs recherchent des images et/ou des vidéos en lien avec la thématique que vous souhaitez traiter ? Est-ce que cela apporte une valeur ajoutée à votre audience ? Est-ce que cela sert vos objectifs ?
Si ce n’est pas le cas alors vous n’avez pas de raison d’ajouter des images ou des vidéos.
Évidemment, pour les fiches produits en e-commerce, la question ne se pose pas, il est évident que l’utilisateur a besoin d’images. Mais dans de nombreux cas, on peut challenger cette nécessité d’ajouter une image ou une vidéo.
c. Réduire le poids des images et des vidéos
Dans le cas où l’image est recherchée et qu’elle apporte de la valeur, on peut alors chercher à réduire au maximum son poids sans nuire à la qualité d’affichage à l’écran.
Il est tout à fait possible de nos jours de se fixer un maximum de 60Ko pour la plupart des images en compressant les images en .jpg et en adoptant le format .Webp ou .Avif
Ces 2 formats sont très bien supportés par la plupart des navigateurs et Google les apprécient également.
Pour les vidéos, la réduction peut se penser à différents stades, depuis sa création jusqu’ à son hébergement.
- Dès sa conception :
- être efficace dans son message pour faire une vidéo la plus courte possible.
Comme le montre cette étude réalisée par TechSmith en 2021, la majorité des utilisateurs préfèrent regarder des vidéos éducatives d’une durée inférieure à 20 minutes avec une préférence pour les vidéos de 3 à 6 minutes. - En utilisant des éléments de motion design (image animées) cela allège le poids de la vidéo par rapport à des scènes tournées.
- être efficace dans son message pour faire une vidéo la plus courte possible.

- En sortie de production de la vidéo : en optant pour une résolution de 720p maximum
- Pour l’hébergement de la vidéo :
D’un point de vue SEO, il est conseillé d’héberger sa vidéo sur YouTube car Google a tendance à favoriser les vidéos de cette plateforme.
En revanche, l’option la plus naturelle qui consiste à utiliser le plug-in YouTube qui vous permet de lire la vidéo YT sur votre site n’est pas la plus légère. En effet, car cela augmente la quantité de données nécessaires à lire votre vidéo et le poids de votre page d’environ 600 Ko.
d. Réduire l’utilisation d’applications tierces et de plug-ins
Plug-ins de votre cms (WordPress, Shopify etc.) : plus on est de fous moins on rit
Les plug-ins requièrent des styles CSS supplémentaires, des images et du JavaScript afin de fonctionner correctement. Cela engendre des requêtes HTTP supplémentaires ce qui utilise des ressources serveur et augmente le temps dédié à celles-ci, et cela se traduit par un temps de chargement plus lent pour votre site.
Il peut être intéressant de faire un tri dans vos plugins. Si vous ne les avez pas utilisés depuis un bon moment, ou que vous ne vous en servez pas, supprimez-les de votre CMS.
Posez-vous également la question de la nécessité absolue de vos plugins ? En avez-vous vraiment besoin mais surtout existe-t-il une méthode alternative sans plugin ?
Exemple : Pour réaliser des redirections sur un site, on peut facilement se passer d’un plugin en utilisant une méthode nettement plus efficace et mobilisant beaucoup moins de ressources : celle d’indiquer les redirections dans le fichier .htaccess.
Les fonctionnalités tierces
Sur votre site vous avez probablement installé des applications pour des fonctionnalités type chatbot, e-mailing, pop-up ou encore Google Tag Manager.
Ces solutions même si elles ne font pas partie de votre site ont un impact sur les temps de chargement des pages du site.
4. L’approche 3R pour le Green SEO éditorial
a. Refuser de publier des contenus qui n’ont pas de potentiel de positionnement en 1ère page de résultats en 4 mois ni de potentiel de recherche
L’objectif étant de ne publier que des contenus qui vont amener à court/moyen terme du trafic qualifié et donc des conversions.
Cette stratégie est valable pour des articles de blog ou des pages transactionnelles sur des mots-clés moyenne/longue traîne
Exemple de cette stratégie avec un article de blog rédigé pour le site de PAPL Formation. Cet organisme propose des formations pour les professionnels de santé.
L’objectif de cet article est de capter des professionnels de santé qui sont en plein questionnement dans leur recherche de financement de leur formation.
La requête principale visée est ”fif pl dpc” “fif pl ou dpc” (les 2 organismes de financement de formations pour les professionnels de santé libéraux).
Constats :
- « fif pl dpc » est une requête demandée : en moyenne 10 recherches par mois.
- Il est très pertinent pour le site de se positionner sur cette requête puisque les utilisateurs seront des prospects tièdes (ils cherchent à faire une formation)
- L’indice de concurrence est faible.
- à part le site officiel du FIF PL, les autres sites présents en 1ère page n’ont pas des Domain Authority très élevés
- Les contenus positionnés répondent partiellement à la requête et à l’intention de recherche, à savoir comparer les 2 dispositifs
- Les contenus positionnés ne traitent pas le sujet en profondeur, ils sont parfois trop courts.
Méthode :
- Rédaction d’un contenu très complet de 1800 mots présentant de façon détaillée les 2 dispositifs, ce à quoi ils donnent droit et pour qui. Ainsi qu’ une comparaison directe pour aider les professionnels de santé à faire un choix pour le financement de leur formation.
- Page bien maillée depuis les autres pages du site
- Indexation via une soumission avec la Google Search Console et présence dans le sitemap.
Résultats :
30 jours après la publication la première page de résultats est atteinte.

Ici on voit que le contenu “Tout savoir sur les financements FIF PL et DPC” est en 4ème position sur Google

Et surtout cette page génère un trafic qualifié et des conversions. En 2 mois, cette page fait partie du top 10 des pages de destination SEO.
En se concentrant sur des requêtes avec du potentiel de positionnement en 1ère page et de trafic qualifié cela économise du temps, de l’argent et permet de réduire l’empreinte carbone du site.
b. Réduire les contenus d’un site pour en améliorer sa visibilité SEO et son impact carbone
Il persiste une 2ème idée reçue en SEO : supprimer des pages fait perdre du trafic SEO.
Or la technique éprouvée de l’élagage de contenu (ou content pruning en anglais) montre l’inverse.
En se débarrassant des pages qui ne génèrent pas de trafic ou qui n’apportent aucune valeur à votre cible, on peut améliorer les positionnements des autres pages et concentrer son temps sur les pages qui en valent la peine.
Voici des exemples de résultats obtenus :
- Par le consultant SEO Francesco Baldini après avoir supprimé d’un site 5 millions de pages qui ne généraient aucune visite ni conversion.
Résultats :
Sessions SEO : +160%Conversions SEO : +105%

- Par Eugene Zatiychuk de l’agence Belkins après avoir retiré 400 pages (soit les 2/3 des pages) d’un site.
Les contenus étaient :- de mauvaise qualité car généré par de l’IA,
- source de cannibalisation (en ciblant des intentions de recherche similaires)
- ou ne ciblaient pas la bonne audience :
Résultats : +400% de sessions SEO

Pourquoi peut-on arriver à ces résultats là ?
- Google a un temps donné pour aller voir chaque site (le crawl budget). En recentrant son attention sur les pages stratégiques, cela améliore l’indexation et donc les positionnements des pages stratégiques.
- Car cela permet de rassembler de manière cohérente les contenus disséminés et de simplifier l’architecture du site. Ce qui est bon pour l’expérience utilisateur comme pour le crawl de Google.
- Cela permet de supprimer la cannibalisation entre les pages et donc d’améliorer les positionnements
- Cela permet d’éviter une trop forte dilution du jus SEO
c. Réemployer les pages d’un site pour en améliorer leur visibilité SEO
Avant de foncer tête baissée sur la création d’une page, la première chose à faire est de passer en revue votre stratégie de mots-clés et les contenus déjà présents sur votre site.
Ce afin d’éviter de rédiger une nouvelle page qui va créer de la cannibalisation avec une autre et donc faire baisser vos performances SEO.
Et surtout car réemployer un article en le mettant à jour et en ajoutant un paragraphe peut suffire à se positionner sur un mot-clé secondaire proche de vos mots-clés prioritaires.
De façon générale, l’historique d’une page joue pour beaucoup dans les positions et il est toujours plus rapide et plus facile de mettre à jour une page que d’en créer une nouvelle.
Vous avez donc tout intérêt, pour améliorer les positionnements et le trafic SEO d’un site à commencer par mettre à jour les pages existantes avant de penser à en créer de nouvelles.
Voici des résultats concernant des expérimentations de mise à jour de page réalisées :
La première, réalisée par Hubspot

La deuxième par Backlinko :

En ajoutant, dans un article existant, un cas concret, quelques astuces et en changeant l’image, la page a vu son trafic SEO augmenter de 118%.
Cette démarche de sobriété éditoriale montre qu’il faut penser le contenu comme un produit qui a un cycle de vie :
1) Le contenu est publié
2) Il est utilisé pendant un laps de temps
3) Il est réemployé, mis à jour
4) Et quand il n’a plus d’utilité il faut gérer sa fin de vie ce qui doit se traduire par son archivage ou sa suppression (avec redirection ou non selon les cas).
L’étape 3 et encore plus l’étape 4 sont rarement réalisées. Ce qui fait que les contenus restent ad vitam sur les sites et continuent de consommer de la ressource pour rien.
5. L’approche 3R pour le Netlinking
a. Refuser le netlinking
Comme pour l’éditorial, les idées reçues vont bon train pour le 3ème pilier du SEO : “sans netlinking pas de positionnements”, “le netlinking est obligatoire”.
En réalité, nombreux sont les cas où le netlinking n’est pas du tout utilisé. Il constitue un levier tout à fait optionnel.
Exemple :
Les positionnement en 1ère page des résultats de Google pour les mot-clés “fif pl dpc”/”fif pl ou dpc” ont été obtenus sans faire de netlinking.
Et de façon plus globale sur le site, après seulement 3 mois d’ optimisations SEO sur le site, presque la moitié des mots-clés suivis sont en première page. Ceci, sans le moindre netlinking et alors que les optimisations du contenu ne sont pas finies.

Pour ce site, la seule page qui nécessite réellement d’être boostée avec du netlinking est la page d’accueil car elle vise un mot-clé générique et concurrentiel (“formation kiné”, “formation kinésithérapeute”).
b. Réduire son impact carbone en privilégiant des méthodes plus éco-responsables
Dans le cas où il n’est pas possible de se passer de netlinking, quelles actions privilégier ?
Voici une matrice qui évalue les principales actions de netlinking en fonction de leur difficulté et de leur impact carbone.

Les actions entourées sont les plus éco-responsables car elles génèrent au mieux la création d’une page sur un autre site pour un ou plusieurs backlinks.
A l’inverse, le Private Blog Network est évidemment la pire des options. En effet, au-delà du problème éthique, cette technique black hat suppose de créer à minima une cinquantaine de sites web, pour la plupart de mauvaise qualité et sans intérêt pour l’utilisateur. Et ce, pour booster le netlinking d’ un ou deux mots-clés seulement.
Conclusion
L’adage “On peut faire mieux avec moins” est donc on ne peut plus d’actualité et réaliste en ce qui concerne le SEO. En adoptant une approche fondée sur l’efficacité et l’obtention de résultats tangibles, cela va de pair avec une démarche de sobriété.
Les avantages sont nombreux : une économie de coûts et des économies de ressources humaines comme planétaires.
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